Thala: préhistoire, vie quotidienne, domestication d’animaux, agriculture et divinités

Publié le par thala ce village de Tunisie

Je fus belle, belle parmi les belles, on vantait mes forêts, mes fleuves, mes plaines, mes richesses, mes hivers sous les neiges et mes étés dorés…Aujourd’hui, je suis  fanée, il faut voir pour croire ce que j’endure de l’usine de chaux plantée en mon cœur…qui tue le peu de vie qui circule encore dans mes espoirs…au vu et au su de tous…

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Mes souhaits à toutes et à tous une Bonne & heureuse année 2009, succès, bonheur, bonne santé et paix, bonne récolte et bonne moisson….mes souhaits que cette usine de chaux disparaisse, se désintègre, que tous les pollueurs conscients aient une année 2009 pleine de cauchemars, de mauvaises surprises et d’échecs



Petit pays, Grande histoire

Auto-Récit, cahier 1.12 

En ce juillet de l’an 11 010 av.J.C, « Mara » a non seulement sauvé les Thalois d’une famine qui se déclare et d’un exode sans retour mais aussi découvert l’orge, ce grain qui révolutionna la vie dans cette contrée.

 

Dans la clairière, quand les femmes coupaient l’herbe comestible « telma, pied de poule, Khourchouf etc.. », « Gueli » et « Agez » visitaient les grottes du coin, ils ont ramassé deux louveteaux et deux bébés gazelle qu’ils ramenèrent avec eux..

 

« Gueli » et « Agez »  n’ont jamais manqué les veillées du vieux « Koun », ce séculaire, gardien de la mémoire Thaloise qui avait la magie de la parole, la sagesse du temps, l’expérience de l’âge, les connaissances du voyageur, le pouvoir du verbe et la magie du mime.

Il parla ce soir de ce dieu étranger perdu dans les marécages, ce dieu qui se réfère aux étoiles lors de ses déplacements comme le font les Thalois, arrivé dans la région, il fut désorienté par les nuages collées au ciel, sa colère ne parvint pas à convaincre « Char » , le dieu du tonnerre à éclaircir le ciel mais l’incita à s’obstiner d’avantage et le blocus du ciel dura huit mois, pas un brin de soleil, pas un fil bleu. Le dieu étranger, contraint à se débrouiller sans faire profil bas, a fini par trouver une  solution divine, il emprisonna durant trois mois six couples de pélicans, d’hirondelles et de faucons en leur bandant les yeux, il leur parla durant leur captivité du voyage et de sa terre et leur bourra les esprits par la liberté qu’ils recouvriront s’ils le guidèrent chez lui. Au bout des trois mois, il sortit de sa montagne avec une corde l’attachant aux oiseaux, il lança un rire terrifiant défiant « Char » puis se lança derrière ses captifs qui lui obéissaient à la lettre, il parvint à sa destination après une longue lutte contre les tempêtes qui lui ont fait perdre ces deux pélicans, en guise de représailles, il renvoya les deux faucons fatigués et blessés, les pauvres oiseaux  succombèrent sur les hauteurs des collines « E-Char », en mourant ils laissèrent échapper la semence du vent que le dieu étranger a dissumulé dans leurs entrailles et a voulu planter dans la région. Les grains de vent ont poussé dans l’insouciance des Thalois, ils ont grandi et que voilà une saison seulement qu’ils ont occupé les collines et n’ont jamais arrêté à la hanter depuis. 

 

« Gueli » et « Agez »  s’inspirant de cette histoire et des récits de ces hommes qui élèvent des troupeaux, s’occupèrent des bébés mammifères, ils leurs réservaient tous les soins et toute l’affection, au bout de trois ans, en accouplant différentes espèces entre elles, ils ont réussi un exploit, ils ont offert aux Thalois les premiers chiens de garde nées de regroupements entre loups des « Flaligues » et les chiens sauvages de « Biranou » , les chèvres qui vont révolutionner la vie dans ce bled étaient nées du mariage entre les chevrons de «kef el Atrous » et « Boulahneche »  et les gazelles de « Foussana », ils ont plus tard apprivoisé les vaches de « Lajred » qui vivaient sur les pics de « sif Al Anba ».

 

« Saf », cet agronome d’il y a 10 000 ans, ne s’est guère arrêté, il a entrepris de longs voyages avec ses disciples, de « Sra wertane » à « Oyoun El Homr », et de « Al Ouyoun » à « Zama », de « Serrath » à « Unazah » , de « Tabagah » à « Bu Ghanim », de « Char » à « Az Zaabah », de « Bou Chaab » à « Foussana », infaillible, infatigable, en parfait explorateur, il campait dans ces territoires et se livrait à ses tentatives, il greffait des arbres et replantait des semences, au bout de quelques années, ses travaux eurent une réussite spectaculaire. « Saf » et ses compagnons, domestiquèrent le figuier et l’olivier qui peuplaient les forêts et offrirent à la région une nouvelle richesse.

 

Ces évènements furent d’une grande importance, de nouvelles lignes viennent d’être tracées, une nouvel mode de vie vient de voir jour.

 

Jusque là, les Thalois, cohabitaient avec les léopards, les lions et les autres fauves, ils chassaient, ils cueillaient, ils pêchaient et à la fin de la journée, partageaient les butins à parts égales. Ils ne constituaient pas une simple communauté de cueilleurs-chasseurs, plutôt une véritable société construite autour d’usages, de conventions et de valeurs bien élaborés. Ils étaient élégants, accordaient une importance à l’hygiène, à la coiffure et aux tenues.

En gros, l’habit hivernal avait principalement l’apparat d’un cap avec souvent un capuchon qui fait penser à l’actuel « Burnous » conçu en cuir tanné de chevrons, de gazelles et de chèvres au début, plus tard et vers 9800 ans av J.C en laine décorée de cordons en cuir ; au dessus des caps, les fourrures bien soignées étaient le principal apparat à double fonction , la barrière au froid mais aussi l’élégance luxueuse que s’offraient les chasseurs redoutables en puisant dans leurs riches garde-robes des fourrures les plus prestigieuses de lions, de tigres et d’ours, façon de se distinguer ; les autres membres daignent utiliser celles des loups et des grands mammifères comme les bisons et les confectionnaient habilement de manière qu’ils épousaient leurs tailles sans les grossir. Les caps féminins se distinguaient de ceux des hommes, ils étaient souvent  plus courts que ceux des hommes et garnis d’apparats divers allant des plumes de faisans et de perroquets jusqu’aux perles taillées dans les roches zincifères portés au dessus de pantalons vastes.

 

L’été allégeait les apparats, les caps prenaient la forme de toge en deux pièces, un pan noué autour des reins qui rappelle la « fouta » actuelle, et un léger pardessus décolleté sur l’une des épaules.

 

Le quotidien du Thalois n’était pas trop chargé puisque la communauté partageait les tâches et les fruits, les femmes avaient un statut privilégié dans cette société matriarcale, il leur revient le rôle de distribuer les richesses récoltées et la responsabilité de nourrir tout le camp, elles avaient de lourdes charges mais elles étaient organisées en fourmilière, les plus âgées étaient les sages qui décidaient les corvées et les partitions, elles décidaient des sorts des moins jeunes à savoir les concubinages, les mariages, les adoptions et les droits de vie et de mort. Toutes les familles avaient leurs greniers et leur garde-manger. La cueillette, la chasse, plus tard, les moissons et les troupeaux étaient affectés par famille et par ordre de mérite. Les faibles et les malades sont pris en charge par la communauté. Bref, tout le monde mangeait et tout le monde s’habillait, en cas de famine, le sort était lui aussi partagé.

 

 

Les Thalois constituaient un groupe qui appartenait à une large communauté répandue dans toute la Tunisie, tout l’est Algérien, l’actuelle Libye et le Sahara.

Le Thalois était civilisé, était porté par la valeur d’un code d’honneur, la qualité des relations humaines était dominée par un haut niveau de convivialité où les scènes de palabres prenaient l’allure de cérémonies de cour. Les Thalois avaient leurs loisirs, les expéditions de chasses qui les conduisaient loin sur des périmètres de 50 à 100 km, ils excellaient dans l’art de sculpture de la pierre, ils avaient leurs danses et adoraient les courses mais surtout les combats de béliers qui ont survécu jusqu’à nos jours.

 

Les longues nuits d’hivers, les familles se réunissaient autour du feu et suivaient attentivement les récits, les aventures des prédécesseurs et des prouesses des chasseurs et des grottiers (les hommes qui défient les ours géants), femmes et hommes, vaquaient à la fabrication de nouveaux habits conçus de peaux à fourrures et cousus avec les intestins grêles des gazelles suspendus à des os en guise d’aiguille, les enfants avaient la lourde tâche des approvisionnements en eau à « Ain Thala » dans les « guirba », cette peau de chevron et de chèvre tannée grossièrement et enduite de goudron qu’ils emportaient sur leur petits dos et s’acquittaient aussi de ramasser le bois dans la forêt de « Koudiet oum Al hirane » (brulée lors de l’invasion arabe 11800 ans plus tard).

 

Les nuits d’hivers rassemblaient tout le monde mais étaient surtout sources de réflexions, les Thalois ont pris conscience du temps depuis qu’ils se sont fixés, ils ont découvert le passage des saisons et aussi de la rose des vents qui a influencé l’orientation de leurs habitats. C’est en hivers, qu’ils avaient peur, les forces naturelles rivalisent d’agressivité, les vents glaciaux, les tempêtes de neige, les pluies torrentielles, les crues des fleuves, les attaques permanentes d’animaux bizarroïdes, les bruits et voix étranges qui hantent les nuits des montagnes et des falaises…

 

Les Thalois avaient une croyance bizarre comparée à celles de leur époque, ils croyaient à la vie après la mort c’est pourquoi ils enterraient leurs morts, chacun selon sa richesse et son statut,  avec des bijoux et des armes, des poteries, des œufs d’autruche en guise de réserve alimentaire ; ceux qui craignaient le déterrement pour les corps des défunts, les brûlaient dans des tombeaux tumulus.

 

Le Thalois n’a ni sculpté ni figuré les dieux, il n’a pas essayé de les représenter physiquement puisque sa principale croyance à la vie après la mort l’a dominé mais il vénérait en même temps d’autres divinités qui ont réussi à franchir les âges et nous parvenir : L’eau et le poisson « symbole porte bonheur » (ce n’est que plus tard ; très tard qu’il a adopté sans s’y accrocher les cultes des envahisseurs).

Le Thalois a cependant élevé des tours de pierres dans plusieurs endroits qui lui servaient de lieux de recueillement et d’approche à la divinité,  à « El Khazane »  au « E-Char », à « Koudiet Oum Al Hirane » (vestiges détruits, le premier par des actions de vandalisme et le deuxième par un colon français pilleur de trésors) où il se dirigeait pour demander une bonne moisson ou la pluie dans un carnaval précédé par une poupée faite de peaux ou de tissu, empaillée, décorée puis dressée sur un long bâton de bois (fiancée de la pluie) dans un cérémonial de fêtes et de partage après le sacrifice d’une bête.

 

Les Thalois se sont abandonnés à l’agriculture et à l’élevage durant plusieurs siècles, ils gardaient des relations très serrées avec les voisins qui les distançaient d’environ 70 à 150 km (Kef, Zama, Maktar), c’était la période de paix et de prospérité. Ils ont découvert d’importants gisements de minéraux, l’or, le fer, le cuivre, le plomb et le zinc, ils ont construits leurs propres fonderies et ont excellé dans le travail du minerai mais aussi des excellentes poteries. Ils ont beaucoup échangé avec les autres clans, Ils ont découvert les chevaux et la charrette et ont commencé à se propager. Et…. Ce fut ce quinzième jour du printemps 5400 av J.C quand des inconnus ont débarqué, ils étaient sept hommes, les Thalois les ont accueilli avec leur tradition d’hospitalité et de générosité,  les ont choyé, les ont hébergé et ont fêté leur arrivée sans se douter que ces hôtes préparaient un désastre et un cauchemar à la ville….A suivre…….       

Publié dans Histoire

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