Thala Tunisie 2011 & Changement Climatique

Publié le par Thala, Talah et Thela actualités news et histoire

Quand le présent devient lourd à conjuguer, la  nostalgique au passé se conjugue au pluriel....disait un vieux Thalois il ya 11 000 ans.

 

Quelques maisons aisées de la ville s’éclairaient à l’électricité et l’on partageait une fontaine publique pour chaque mille familles, le charbon régnait en maître dans tous les foyers, les « Kanoun » (foyer à charbon) dégageaient la chaleur et libéraient le parfum du « Dad » (racine à encens séchée et mélangée avec d’autres herbes parfumées et de l’écorce d’orange); les trois boulangeries Thaloises se faisaient la compétition par la variété et l’odeur du pain cuit aux branches de romarin ; les gargotiers se plaisaient à se faire la concurrence et surfaient sur la qualité de parfum du merguez que chacun en garde soigneusement le secret ; le teinturier qui enfermait le secret des couleurs dans la laine et « Ess’rayri », cet artiste qui empaillait et cousait des matelas imbattables dans leur confort et « El Ftayri » que toute la ville l’envie pour ces beignets chauds, délicieux et croustillants et tout ce chacun qui avait une occupation et un besogne qu’il commence à l’aube pour le terminer au crépuscule.

Les femmes étaient fières et orgueilleuses, elles ne connaissaient pas la passivité ; les métiers à tisser, les beaux tapis et couvertures Berbères en témoignaient, les poteries, le garde-manger toujours plein de couscous, de « Mhamsa », d’huile d’olive, d’épices, de légumes et de fruits séchés. Ces femmes, nos mères, nos sœurs, nos épouses étaient souriantes à la vie et avaient le don et la magie de transformer le quotidien difficile en événements heureux et comblés ; elles avaient toutes et chacune leurs petites chansons intimes qu’elles fredonnaient dans les moments durs, on ne voyait pas leurs larmes mais on admirait leurs sourires…

 

Les foyers de la ville n’ont pas de secrets puisqu’ils se partageaient tout et la vie y coulait paisiblement. Il n ’y avait pas d’usines ni de carrières de pierre marbrière, il n’y avait pas de maîtres ni de sujets, il n’y avait pas de différences ; les repas circulaient de maison en maison et de rue en rue, les habits se ressemblaient comme se ressemblaient les maisons collées les unes aux autres, il n’y avait pas de pauvres ou de riches, il y avait des Thalois quelque soit leurs origines ; les autochtones, les Boulaabi venus de Jandouba, les Swahlias venus du Sahel, les sfaxiens issus de Sfax, les Jerbiens, les Algériens, les Marocains, les Jridias venus du sud, les Italiens naturalisés, les Arméniens fondus dans la population locale etc… une richesse de diversités, on vivait dans une grande convivialité et on partageait le peu qu’on avait, l’on vivait l’hivers avec la « Oula » de l’été (Réserve de farine, de blé, d’orge, de couscous, d’huile, de légumes et de viande, de poisson séché et de tout ce qui peut être stocké en garde-manger dans les « Nafouls » (peau de chèvre cousue en guise de sac)) et l’été sous les « zgharides » (youyou que poussent les femmes) de la « Touiza » (Pratique Berbère, travail bénévole communautaire qui réunit toutes les femmes et/ou tous les hommes dépendant de la tâche à accomplir au profit de l’individu membre du groupe ou au profil de la communauté).

 

On vivait sans pression du quotidien et sans crainte du lendemain, une solidarité innée soudait tous les habitants ; on vivait sans les moyens d’aujourd’hui mais on avait un espoir et on attendait quelque chose en contre partie de nos efforts et de nos quêtes, qui pour le travail, qui pour les études, qui pour faire réussir la saison agricole etc.…mais…mais et bien de mais…mais de nos jours, l’espoir est devenu un terme banal sans signification…

 

Thala se réveille chaque mois, presque, sur le drame d’un jeune qui s’immole par le feu parce qu’il a perdu tous les espoirs…

 

Thala se réveille presque chaque mois sur le triste décès d’au moins une personne atteinte par la cirrhose du foie …

 

Thala se réveille tous les jours recompter ses chômeurs dont le nombre augmente en croissance sans jamais baisser…

 

Thala se réveille tous les jours et s’étouffe par les poussières de la catastrophique usine de chaux sans pouvoir se défendre...

 

Thala se réveille chaque jour sur le vrombissement des grands camions qui descendent sa rue unique ou la remontent chargés à s’éclater par de gros blocs de pierre marbrière en direction de Sfax, du Sahel, de Gabes et de Tunis alors qu’on continue à interdire aux Thalois l’exploitation des carrières et on l’accorde aux soi-disant  « Hauts placés », « privilégiés » et « influents » en usant de l’artifice de la force et de la peur dans le strict respect des procédures et textes.

 

Thala se réveille tous les jours sur la misère qui avance et  n’épargne pas ces milliers d’âmes qui n’avaient que ces champs à rendements maigres ou nuls et n’ont que des dettes, et que de dettes, et que de dettes et peinent de trouver des solutions…

 

Thala se réveille chaque jour sur le bruit de la disparition des jeunes qui ont choisi de mourir en « Harragua » sur une quelconque barque au milieu de la méditerranée ou dans le désert au lieu de gonfler le rang des candidats au suicide…

 

Thala bat les records nationaux et bientôt internationaux dans tous les mauvais domaines, suicide, chômage, pauvreté, délinquance, sous-développement, mortalité infantile, abandon scolaire, drogue…

 

Thala se réveille chaque jour pour découvrir sa laideur qui s’accentue et sa mort lente qui avance au vue et au su des autorités locales indifférentes, et,  qui passent le temps à  jouer la symphonie de l’hypocrisie et à chanter la gloire de l’habit traditionnel…

 

La vie coule de plus en plus pénible, difficile et compliquée, l’époque « Bourguiba » a enfoui la région de Thala dans l’oubli et l’enclavement et l’a enterree sous le joug de cette bourgade inconnue déserte qu’on a peuplé par la force et appelé Kasserine le gouvernera ; la région de Thala, qui jadis, fierté des Berbères et grenier de Rome, est devenu un tableau de misère ; Thala suffoque sous la pollution de l’usine de chaux, des exploitations marbrières vandales octroyés aux « Priviligiés » venus d’ailleurs et se meurt  sous la pollution des eaux potables souillées par les eaux usées et les déchets dispersés dans les vingt quatre coins cardinaux.

 

À chaque époque sa coutume, et la nouvelle coutume veut qu’on fasse des vœux à l’occasion de la nouvelle année administrative, moi, bien que convaincu que c’est du bluff mais  j’en ferais comme-même les vœux suivants :

 

ü  Que ces jeunes qui se donnent la mort en s’immolant par le feu aient pitié de leurs êtres et réfléchissent avant de s’imbiber d’essence, et aient dans l’esprit le courage de leurs parents qui ont résisté depuis cinquante mille ans dans ces lieux en essayant et en avançant ;

ü  Que les candidats au suicide de 2011 à cause de l’avenir incertain et du désespoir soient sauvés et auront une vie digne, un travail et un foyer ;

ü  Que les enfants qui fréquentent l’école le fassent sans se soucier de l’adage « Avec ou sans diplômes, pas d’avenir », et que l’espoir regagne les cœurs, certainement ils connaitront le bonheur ;

ü  Que les maladies reculent et que la cirrhose du foie et les autres maladies soient enrayées de la région ;

ü  Que soit réalisé un hôpital bien équipé, doté de toutes les spécialités et bien géré qui remplacera l’actuel impropre, disproportionné, mal géré et mal équipé et gouffre financier et nid de mauvaise gestion ;

 

ü  Que le pouvoir se tourne vers la région de Thala (diamètre de 50 km) et fasse ce qu’il aurait dû faire il ya des décennies dans tous les domaines et secteurs, comme il a fait et continue à le faire avec les régions privilégiées qui ont tout et nous n’avons rien de rien du rien et qui continuent à bénéficier de tout et nous de rien du rien ;

ü  Que les dettes de tous nos agriculteurs soient effacées et que des VRAIS financements soient octroyés aux cultivateurs et aux promoteurs enfants de la région ;

ü  Que nos jeunes soient tous employés, employés convenablement et dignement et non sous la rubrique de 150 Dinars par mois (Honte de la honte) ;

ü  Que deux ou trois universités soient implantées à Thala ;

ü  Qu’une centrale de formation professionnelle digne verra le jour ;

ü  Que les prix du carburant, de l’électricité et du gaz soit fortement compensés car la région de Thala est victime du froid six mois par an et de la pauvreté vingt quatre mois par an ;

ü  Que les pistes et routes de la région se fassent paver et que des projets de développement répondants aux besoins des citoyens voient le jour ;

ü  Que Thala soit désignée comme gouvernera frontalier,

 

Et

 

Que 2011 puisse être porteuse d’espoir à tous et que tous ceux qui ont une larme aux yeux se la verront une larme de bonheur…

Publié dans Actualités

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ب
<br /> <br /> السلام عليكم اخى العزيز لقد ابدعت فى مقالك وعبرت بطريقة راقية عن مطالب اهل تالة المتحضرين فانت خير نمودج لمثقفى تالة بارك الله فيك وفى امثالك<br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> أنا أهنّـئك أنت أختي لأنّني لست إلا صوتك وصوت الآلاف من أهلي وأعزتي بتالة  الحبيــبة<br /> <br /> <br /> <br />
W
<br /> <br /> Salam ya si Tawfik,<br /> <br /> <br /> Merci pour l'article. Amon avis il faut faire de Thala une Wilaya pour créer des emplois et ensuite des universités et des entreprises étatiques.<br /> <br /> <br /> Bonne année<br /> <br /> <br /> Weld Thala min nahj al 3ain ;-)<br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Merci weld Thala...<br /> <br /> <br /> L'oeuf ou la poule ? Ce n'est pas le debat que je propose cher ami...Je parle aux courageux et aux Thalois qui pourront avoir l'audace pour dire qu'on a assez..assez...assez..<br /> <br /> <br /> <br />