Enfants du romarin Thala Tunisie, Rosemary children
Le hasard m’a conduit, je n’y suis pour rien…La forêt el Flaligue-Thala est hantée, un camp s’est dressé sur une clairière élargie pour l’occasion et pullule d’activité et de bruit. J’ai avancé et je fus contraint de pousser ma curiosité.
J’ai fait le tour de toutes les forêts de la région: Sif al Inba, Lajred, Tebaga, Al Hezza, El Guilaa, Birano, El hemed, Layoun, Ain Oum Jedour et Ain Jdaida, Sammama, Al mrawna et El Brik.
Toutes ces forêts sont prises d’assaut et la course frénétique vers l’argent fait naitre les idées les plus désastreuses quand elles ne sont pas bien encadrées.
Je m’explique.
Deux saisons principales branlent nos forêts et durent de Mars à Novembre.
La première lors de la cueillette des sommités florales du romarin qui se traduit par ces vagues humaines qui prennent d’assaut les forêts et les espaces où pousse spontanément le romarin.
De Mars à Juin, des familles entières armées de faucilles s’installent dans les lieux jadis calmes et se mettent à la cueillette, ils se mettent plutôt à arracher la plante et à former des monticules qui alimentent les distillateurs alambics de 3000 litres de capacité installés pour la durée de la campagne.
Tout le monde s’affère et travaille à la coupe du romarin, de cinq ans à soixante dix sept ans ; des enfants malnutris aux mains blessées et brulées, des visages noircis et d’une hygiène alarmante font le besogne des adultes et travaillent pour se nourrir et participer à gonfler le maigre revenu familial…. Dans nos forêts…sans que personne ne se souciât, ça rentre désormais dans la normalité que les enfants meurent en travaillant.
Ces enfants n’auront qu’un petit répit puisqu’ils reprendront cette besogne de Juillet à la fin Septembre et se mettront à couper le romarin à sécher.
Ce n’est pas un travail facile, car il faut savoir manier la faucille sans se blesser, puis conjuguer ses actions qui consistent à couper les branches de la plante d’une main pour les mettre avec l’autre dans le sac suspendu sur le dos puis courir pour déverser et faire étaler la cueillette au soleil et revenir la fin de la journée remuer et piler les tas de romarin pour dégager les aiguilles des branches.
Ils n’auront qu’un répit passager ces enfants de la campagne car ils iront participer à la collecte des cônes de pin d’Alep pour en extraire les grains et c’est une entreprise pas moins difficile pour ces petits cœurs…des campagnes, nos campagnes.
Les textes, les réglementations et les lois sont foisonnants et en existe des tonnes plus qu’il en existe de plantes aromatiques et médicinales ‘’PAM’’ dans le pays sauf que la réalité est loin très loin des textes.
A quoi bon parler d’environnement, à quoi bon parler de développer les ‘’PAM’’ spontanées et à quoi bon parler des droits de l’enfant et des droits de l’homme face à un fléau de chômage et de pauvreté en croissance.
Les contrôles techniques se font sur le papier puisque tout se monnaye dans ce contexte de laisser-faire, l’environnement se dégrade à cause de la cueillette (arrachage) mal contrôlée ce qui a perturbé énormément le développement de ces populations de plantes médicinales à tel point que de nombreuses nappes ont disparu et que nombreuses espèces se trouvent actuellement très menacées de disparition à en ajouter tout le mal fait à la faune ; les perdrix se font rares puisque les couvées ne réussissent pas à cause de la récolte des œufs, les quelques espèces d’animaux vont vers la disparition.
