THALA, BOULAHNACHE: terre des dieux et de l'abondance

Publié le par thala ce village de Tunisie

Petit pays, Grande histoire
Auto-Récit d’un village, Thala,Tunisie (17)
Le récit, cahier 1.6 :
Thala, Boulahnache, le pays des dieux et de l’abondance


La cité de ‘Sah’ fut appelée ‘Zelfane’ sur laquelle il régna en maitre durant les deux siècles de sa vie sous les regards et l’assistance de ses parents humano-reptiles. ‘Zelf’ et son clan, ne se sont pas trop aventuré en dehors des territoires proches parce qu’ils sont comblés par les richesses naturelles de ‘Zelfane’, ils n’ont pas eu non plus de contacts avec le monde extérieur bien que ‘Zelf’ garda en cœur une tristesse et une nostalgie amère de son premier foyer Thala ; ayant ressentie le poids de l’âge, elle décida de partir dans l’obscurité de la nuit, elle révéla son projet à son fils ‘Sah’. ‘Sah’ la rappela de la promesse de sang qui la lie avec son époux, ce serpent qui n’a ni nom ni origine ; elle ne résista pas à l’appel de la nostalgie et aux souvenirs lointains ; elle prit sa décision et exhorta ’Sah’ pour l’accompagner.

Ce jour de printemps, à peine la nuit tombée ’Zelf’ et ‘Sah’ glissent sous l’obscurité et empruntent le sentier du Nord se dirigeant vers ‘Al Guilaa’, ils marchèrent sans s’arrêter jusqu’à ce que le soleil se leva et atteindra le zénith ; épuisés, ils s’adossent à des arbustes de romarin et s’abandonnèrent au sommeil. Un fort croassement de corbeaux réveilla ‘Zelf’ et fit sursauter ‘Sah’, ils suivirent le mouvement affolé des oiseaux qui se croise avec l’affluence massive des grands vautours, les bruits terrifiants sont confus, mugissement, râlement, beuglement, hennissement et rugissement ; il semble que tous les animaux courent dans leur direction et que leur fin s’approche. ‘Sah’ repoussa sa mère derrière lui et riposta en position de chasseur prêt à se défendre mais sa mère sentit l’odeur du danger qui terrassa les animaux, elle murmura quelques mots à son fils et tous deux se mirent à courir en direction de l’Est. Ils atteignirent la profonde falaise surnommée ‘Sif’ et tous deux se jetèrent dans le vide. Ils voltigèrent deux minutes puis s’écrasèrent sur les eaux du fleuve, ils ne sentirent rien et furent emportés par les courants très loin. Tous deux, s’éveillèrent sur le bord d’une petite plage ; abimés et blessés, ils n’avaient pas la force de bouger et n’avaient que le regard pour suivre ce crocodile qui les approche. L’instinct de survie triomphe quand ‘Saf’ traina sa mère loin et s’arrêta à l’bri d’une roche. Ils restèrent deux nuits, ‘Zelf’ mâchait les plantes et pansait ses blessures et celles de son fils, le troisième jour ; ils reprirent la route en passant sur les sentiers de pierres tranchantes pour semer leur poursuivant qui n’était que le serpent, le mari de ‘Zelf’.

Leur fuite en avant dura 12 jours, quand ils atteignirent le sommet de la colline qu’ils confondaient avec ‘Echar’, ils furent surpris du paysage, ils se sont trompé de route ; devant leurs yeux s’offre un spectacle merveilleux, de très vastes plaines et marécages qui entourent une immense et majestueuse colline rouge de lave, au fond vers le sud se dressent en seul trait continu des collines noires de forêts qui serpentent l’horizon dans toutes les directions. ‘Zelf’ semble s’être repérée, elle insiste et assure à son fils que son pays natal Thala est en face, il suffit de marcher encore vers le Sud Ouest. Ils dormirent cette nuit et une autre dans ces parages (Tarbah) et avancèrent le troisième jour vers cette immense colline rouge et l’atteignirent après deux jours de marche. Fatigués, ils décidèrent de se reposer quelques jours et de s’approvisionner avant de continuer, ils trouvèrent refuge dans une grotte bien orientée et se livrèrent à la paresse du repos. Le lendemain, ‘Zelf’ toujours matinale, à peine qu’elle mit les pieds dehors, sentira la glue d’une langue se poser sur elle, elle ne cria pas et s’abandonna à son attaquant…Un serpent à cinq têtes la saisisse, il la souleva et lui annonça sa fin, elle a fuit le lien et la promesse de sang, elle devra mourir dans le marécage et ainsi fut sa fin. Quant à ‘Sah’, il fut contraint de se marier avec la déesse de l’endroit, une créature mi-serpent mi-humaine, il engendra des enfants humains qui ont vécu longtemps mais qui ont aussi noués des liens très forts avec les habitants de Thala pour exaucer les vœux de leur grande mère ‘Zelf’. Ainsi, cette colline rouge prit le nom actuel de ‘Boulahnache’ « terre de serpents » et devint un centre incontournable, une cité des dieux qui a rayonné durant des milliers d’années sur la région.

Photo emprunté à Isam MABROUKI

Boulahnache’, « terre des serpents », a traversé les âges; son histoire qui reviendra orner ces cahiers a été riche comme la richesse de ses greniers, de son sol, de son sous-sol, carrefour des civilisations, elle a engendré des femmes et des hommes qui ont laissé des empreintes dans la civilisation humaine. Aujourd’hui, elle n’échappe pas à la maladie qui secoue la région, la pollution l’a atteint, ses terres ne donnant plus de blé, elle attend silencieusement ce jour qui lui rendra sa fertilité et son abondance…

Publié dans Histoire

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