Thala région de Tunisie : le vin mortel

Publié le par thala ce village de Tunisie


Le récit, cahier 1.13 : Thala région de Tunisie : le vin mortel  

 



Ce fut ce quinzième jour du printemps 5400 av J.C quand des inconnus ont débarqué, ils étaient sept hommes, les Thalois les ont accueilli avec leur tradition de générosité,  les ont choyé, les ont hébergé et ont fêté leur arrivée sans se douter que ces hôtes préparent un désastre et un cauchemar à la ville....

 

Les Thalois avaient une tradition d'accueil accompagnée d'un cérémonial strictement observé. Une personne seule est accueillie durant une lune (vingt huit jours), hébergée et nourrie, son arrivée est fêtée le long des trois premiers jours. A partir de trois personnes, la durée d'hébergement minimale étaient d'une lune et il revenait aux hôtes de l'étendre ou de la raccourcir, les fêtes dans ces cas duraient sept jours. Le refus de l'hospitalité constituait une offense, cela signifiait pour eux un défi à leur dignité, aux nobles valeurs qu'ils incarnaient et au code d'honneur qui les liaient entre eux et aux clans voisins.

 


Les hôtes de ce printemps sont arrivés par les sentiers du nord-est, ils ne sont pas du clan voisin des éleveurs de bovins, ni du clan des marécages en aval du « mellegue », ils ne sont pas non plus du clan des fils du feu, ils n'ont pas l'allure et le noble comportement du clan régnant sur les déserts, ils n'ont pas la noblesse et la dignité des clans vivants au nord du « Mellegue », leurs statures imposantes et leurs faces longues et rondes, leurs musculatures et  leurs chevelures brûlées ne les associent pas aux voyageurs grecs qui se sont aventurés plusieurs fois dans ces parages.

 

'Sandi', l'éclaireur de « Nadjaria » a beau essayé de les identifier sans parvenir, ils sont nouveaux dans la région de part leur dialecte et aussi de part leurs statures, leur habits grossiers non cousus et leur  comportement sauvage. Il en a parlé avec « Lidi » le gardien des tours de « Nadhour » et s'est confié à « simzart » le grand sage de la ville.

« Simzart » a convoqué le conseil de sagesse, un conseil que les Thalois ont instauré depuis l'an 15000 avnt J.C sur la proposition de « Miskita » la femme dite élevée par la lionne « Charda ». Le conseil discutait toutes les affaires courantes, ses décisions sont prises à la majorité avec la voie du grand sage majorée par un nombre de voies égales au nombre des ses enfants ainées enfantés par ses femmes et ses concubines. Ce soir, le conseil n'arrive pas à trancher du sort des étrangers, « Simzart » n'ayant pas d'enfants n'a pas pu basculer le vote, alors il proposa de convoquer les étrangers au conseil pour connaitre les vrais motifs de leurs visite, ce qui fut une première de jamais osée, jamais un conseil Thalaois n'a associé des étrangers à ses débats et à ses décisions.

 

Une fois questionnés, les étrangers ont fait savoir qu'ils se sont perdus en cours de route, qu'ils ont affronté les dangers et qu'ils ont choisi de se refugier à Thala réputée pour son hospitalité. Ils ont imploré le conseil de leur accorder l'hospitalité et le temps de se régénérer pour pouvoir continuer leur chemin une fois les blessures dangereuses de deux d'entre eux se cicatriseront. Le conseil n'a pas pu en tirer beaucoup de renseignements quand à leur origine sauf que ces hommes sont venu de loin, de là  où la terre et la mer se marient.   

Au vu de ce résultat, le conseil a fini par leur accorder l'hospitalité, les fêtes ont alors commencés.

Les fêtes ont duré sept jours durant lesquelles les sept hommes ont mangé gracieusement, trois d'entre eux ont noué des liens de mariage avec trois belles Thaloises, ils ont visité les deux quartiers et ont fait le pèlerinage de « Char » et de « Koudiet Oum Al Hirane » où reposent les corps des ancêtres qui veillent sur la ville. Ils ont su rapidement gagner la confiance des habitants bien qu'ils éveillent toujours les soupçons de « Sandi » et d'autres méfiants. Durant les quatre semaines de leur séjour, ils ont observé minutieusement la vie des Thalois, ils ont découvert les fourneaux de minerais, les silos de grains creusés dans le sol, les huileries, les entrepôts d'huile d'olive et aussi ont bien étudié le système défensif de la ville et sa capacité à repousser les attaquants. Ils faisaient semblants d'apprécier ces découvertes à juste titre de curiosité naïve sauf qu'au fond ils avaient leur propre plan.

La première lune passée, ils prirent congé pour rentrer chez eux, ils demandèrent l'autorisation d'emmener avec eux leurs femmes, ils remercièrent le conseil pour son hospitalité et disparaissent avec cinq chevaux chargés de cadeaux et de munition de route.

Le printemps vient de passer, les fleurs prennent la forme de fruits, les épis d'orge inaugurent la danse des moissons, les premiers bourgeons de fleurs d'oliviers voient le jour, les premiers oisillons commencent l'apprentissage du vol, les petits renards rivalisent avec les faucons, le jour s'étire et l'eau des rivières pullule de poissons danseurs.

 

En ce douzième jour d'été, deux des sept hommes, hébergés au printemps, entrent dans la ville en compagnie de six jeunes femmes conduisant deux charrettes pleines de jarres. Ils sont accueillis sur le grand rocher par « Simzart », ils veulent parler au conseil puisqu'ils songent rentrer le lendemain. La nuit, autour d'un festin offert par « Tahimt » le grand éleveur ; en reconnaissance de l'hospitalité, les étrangers font offrande à la ville de leur cargaison et ils insistent à destiner les jeunes femmes à « Sandi » et aux cinq méfiants qui l'ont soutenu au conseil du printemps. La foule présente a acclamé la générosité de ces sauvages venus du loin et a blâmé « sandi » et ses compagnons. Il était d'usage que l'offrande se fasse partager sur le champ pour témoigner la reconnaissance comme il était du devoir du grand sage d'héberger les hôtes le temps qu'ils désirent. Ainsi, les jarres qui étaient pleines de vin furent vidées le soir même dans les ventres de toutes et de tous ceux qui ont veillé au clair de la pleine lune excepté quelques dizaines d'individus ou trop vieux ou retenus pour des raisons majeures. Le spectacle n'est pas louable quand vers le troisième quart de la nuit ce vin mystérieux a  agi fortement et dangereusement, tous ceux qui en ont bu se sont affaissés lourdement, un chahut étrange ; ceux qui sont tiraillés par les douleurs d'estomac crient gravement, ceux qui vomissent ont l'intention de cracher leurs cœurs, ceux qui essayent de se relever  gémissent douloureusement. Le breuvage était empoisonné, cette action était méditée et bien préparée. Avant l'aube, une vingtaine de complices cachés dans les grottes de « Chirdou » ont rejoint les étrangers et se sont livrés à un sale boulot. Ils ont froidement massacré une centaine de Thalois, ont pillé toutes les richesses et se sont dérobés avant le lever du soleil. Un seul des étrangers a consommé le breuvage est resté sur place évanoui.

 

Au petit matin, en face de l'actuelle mosquée «Sidi Abdelkader », la découverte du spectacle macabre par les Thalois qui n'ont pas participé au festin était choquante. Des corps gisants éparpillés dans tous les sens, des têtes arrachées, des hommes et des femmes affaissés sans aucune emprise sur leurs corps.

 

Machtart » le sage guérisseur n'en revint pas, il sonda les corps encore en vie, les fit allonger sous l'ombre et fait enterrer les morts dans une fosse commune dans l'actuel cimetière. Deux témoins mi-éveillés, racontèrent le déroulement des événements. Quand  « Machtart »  a compris l'origine du mal qui était le vin empoisonné, il est parti dans la forêt avec une poignée d'hommes, en fin d'après midi, il a fini de préparer un breuvage médical à base de plantes qu'il a donné à toutes les victimes. Il a réussi à les sauver et ce ne fut que le troisième jour que la vie a commencé à reprendre timidement.   

 

Le conseil des sages, privé de la moitié de ses membres, se réunit, « Dara » le script du village fait l'inventaire des pertes ; cent vingt quatre hommes, femmes et enfants tués, une trentaine de blessés, tout l'or du village a disparu ainsi qu'une centaine d'épées enduites d'or et de pierres précieuses, dix mules d'orge, douze mules d'huile d'olive, cinq mules de viande et de figues séchées et plusieurs enfants.

 

L'étranger qui a survécu au poison est introduit enchainé dans le conseil, son silence n'a pas trop duré, « Baggar » le forgeron l'a fait parler  à  sa façon, il l'a passé au supplice du feu. L'étranger a révélé que son clan a entrepris un long voyage qui a débuté il y a huit ans, il est parti du nord de la péninsule ibérique, a franchi la mer, s'est fixé un an au pays des maures puis a continué son avancée vers l'est, il s'arrêta sur les rives de la « medjerda ». Ce clan s'est émerveillé de  l'ingéniosité des habitants locaux, de leurs modes de vie avancés et de la technologie qu'ils maitrisent, ce clan vivait encore à l'état sauvage et ne maitrisait aucune technologie, ils habitaient des huttes improvisées, vivaient de la chasse et des vols et n'avaient aucune organisation sociale. Trois ans de présence dans les territoires berbères leurs enseignèrent beaucoup sur le savoir vivre et sur le savoir faire. Les échos de Thala et de ses richesses parvinrent à les inciter à l'attaquer par la ruse comme il leur a été conseillé par un vieux captif de « Tibar ».

 

Le conseil ordonna l'exécution de l'étranger, son corps fut jeté aux hyènes, il a adopté d'autres mesures parmi lesquelles la création d'une armée permanente, le renforcement des défenses mais aussi l'envoi  des émissaires aux clans et tribus voisines et le départ d'une délégation à « Zama » pour demander l'aide nécessaire pour la punition des assaillants... Thala qui avait un statut de ville et de région souveraine, est contrainte là partir de ce jour de s'aligner et de se rattacher au voisinage dans une congrégation forte capable de se défendre...A suivre.....

Publié dans Histoire

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