L'olivier qui naquit dans le soleil arriva du ciel à Thala en 11010 avant J.C

Publié le par Thala, Talah et Thela actualités news et histoire


A la veille du conseil, Takmat avait consulté l'oracle, il s'est rendu chez le vieux Gountas qui semble avoir vécu assez longtemps, un siècle et demi disait-on, deux siècles racontent les histoires nocturnes, il est la mémoire de la cité comme il est son principal guérisseur, c'est lui qui entrainé et formé Machtart et c'est lui qui détient le savoir des secrets de la nature. Quand Takmat vint le consulter, il était entrain de raconter à une foule de gens l'histoire de l'olivier et en vantait ses vertus, eux étaient là émerveillés en l'écoutant on dirait qu'il les a hypnotisé. En fait Gountas avait de multiples talents qu'il a cultivé dès son jeune âge ; une forte personnalité présente dans son regard fédérateur de mouvements, sa maîtrise intuitive de la pensée dans l'action, la justesse de son ton et la maîtrise d'un rythme expressif soutenu quelque soit le sujet qu'il aborde. Sa voix, sa stature et son émotion, sa tactique physique et argumentaire, sont ses atouts, il  fait et défait les choix de son public puisqu'il agit de façon durable sur la mentalité de ses auditeurs. Takmat qui était venu le consulter, n'a pas eu le courage de l'interrompre et s'est trouvé assis avec la foule se baigner dans l'histoire de l'olivier que racontait Gountas avec une voix inspiratrice :

 

L'olivier, disait-il, est plus proche des dieux que des hommes, quand les géants ont finis par souder les montagnes entre-elles et ont fini de peindre les reliefs, ils ont soufflé les vents et ont frotté les silex pour déchainer les tempêtes fertilisantes, tout poussa : herbes et forêts ; les créatures se succédèrent et peuplèrent la terre, les fleuves et la mer ; la vie s'en alla de son train jusqu'à ce que cet être si génial qu'est l'homme arriva, il en chercha d'abord sa nourriture, puis sa partenaire, et quand il erra dans les espaces si vastes, il rencontra les dieux : que manquera-t-il à ton bonheur lui demandèrent-ils ? Il ne pensa pas à son âme ni aux dangers qui l'entouraient, mais à son confort, il répondit sans trop réfléchir : une denrée qui nourrit, qui guérit, qui éclaire et qui rajeunit, une denrée que seuls les dieux en avaient...Tu en auras, répondirent les dieux. La quelle ? rétorqua l'Humain ; elle arrivera par les cieux, tu la reconnaîtras tout seul puisque tu viens de la décrire.

 

L'homme impatient par nature, se mit à errer sur terre, il traversa les mers et les montagnes, il se noya dans les fleuves, il migra de lieu en lieu, sans le savoir, il se dispersa sur la terre et partout où il arriva, il fonda des tribus et puis des peuples...les années, les temps passèrent à la recherche de sa denrée si chère, et quand il peupla le monde et perça le secret de l'agriculture, le miracle se produira. Saf ce petit dieu qui fut le génial agronome Thalois, il ya bien des milliers d'années de ce temps-ci (vers 11010 av J.C), a vu le miracle de ses yeux, il a été le témoin de la puissance des dieux face à l'impatience humaine. Ce fut un matin d'automne, Saf debout sur le Rocher du Doute (appelé depuis 50 années « villa Birsis » sur le flanc du mont Nadhour de Thala), regardant les plaines et marécages du Nord sous un lever de soleil limpide observa un nuage épais qui se rapproche rapidement, des millions d'étourneaux (Zarzour) qui se livrent à des acrobaties impressionnantes en un spectacle grandiose; il donna l'alerte en soufflant dans la corne de cerf suspendue à son cou pour inviter les Thalois au festin car ils auront à manger du moineau tout le temps que ces oiseaux resteront dans la région. La corne dégagea un son aigu qui réveilla les tardifs et fut accourir les matinaux, à peine quelques instants et Saf s'entoura de dizaines de gens grâce à son instrument. Vous ne l'ignorez pas, car je vous en ai parlé de la technique des cornes que nous maitrisons encore grâce à ces gens ingénieux. Eux qui n'avaient pas encore maitrisé le secret des métaux, ont trouvé dans les cornes des cervidés un outil par excellence, ils l'ont soigné pour en faire des cornes à boire, des outils à siffler, d'autres à contenir la poudre précieuse, des cornes à bêcher, des cornes couteaux et flèches à percer le gibier, des cornes à contenir les dents de silex tranchant, ils en ont tant fabriqué qu'ils n'ont rien laissé à notre imagination.

 

Gountas respira profondément et reprit son récit ; Saf et les autres s'émerveillèrent ce jour là, ils ont capturé des centaines de ces étourneaux délicieux qui s'engraissent de fruits et d'insectes pacifiques, vous savez comme moi que les dieux et les petits dieux ont toujours quelque chose qui les distingue de nous simple humains insista-t-il; quand tous les autres ont mangé ces moineaux et se sont amusés à en fabriquer des aiguilles et des fléchettes avec leurs os; Saf était pensif et distrait comme si des voix inaudibles lui parlaient ; ce soir il ne s'endormit guère et à l'aube il revint au rocher du doute comme s'il attendait un voyageur; à peine que le ciel de l'Est se charge d'un violet doré, un gazouillement étourdissant couvre l'endroit et un nuage de moineaux pique sur lui ; il ne bougea pas mais afficha une allure déterminée, les moineaux en milliers de milliers tournoient au-dessus de sa tête et autour de sa taille durant un bon moment puis se divisèrent en plusieurs essaims ; un des moineaux vint vers lui et se posa sur sa main tendue ; il le rapprocha de lui et lui parla comme s'il en parla à un humain : « vous êtes les bienvenus si vous ne détruisez pas les plantes et nos réserves, restez autant que vous le voudriez et j'en parlerai à mes semblables pour vous épargner la vie ». L'oiseau ouvrit son bec et laissa échapper des mots qui émerveillèrent Saf : « nous sommes venus et nous reviendrons toujours à la même saison parce que nous sommes chargés d'une noble mission ; chacun de nous porte dans son gosier les graines de l'arbre des cieux, l'arbre qui est née dans le soleil, l'arbre qui donne le feu, la vie et la longévité, nous le sèmerons sur vos terres et vous en cueillerez les fruits, c'est ainsi qu'ont décidé les dieux réunis ». L'oiseau s'envola rejoindre son groupe qui disparut vers l'Ouest.

 

Saf courut rejoindre le vieux Koun , ce tri-séculaire gardien de la mémoire Thaloise qui avait la magie de la parole, la sagesse du temps, l'expérience de l'âge, les connaissances du voyageur, le pouvoir du verbe et la magie du mime ; il lui  raconta l'histoire des étourneaux. Koun sans surprise le crut et dépêcha des enfants réunir Gueli, Agez, Mara et une dizaine de volontaires, il les envoya vers la forêt Flaligues à la trace de ces oiseaux. Le groupe observa durant des journées entières le mouvement de oiseaux et constata qu'ils se nourrissaient du fruit d'un même groupe d'arbres sauvages perchés dans les flancs protégés du froid des hauteurs de la forêt ; Saf saura que ce sont ces mêmes moineaux  qui ont semé les grains qu'ils ont amené d'ailleurs dans leurs fientes et qui ont fait pousser cet arbre...c'est un miracle répétait-il, les dieux ont chargé ses moineaux de cette mission et c'est à nous d'en tirer le profit...Il se mit à chercher dans les parages en compagnie du groupe ; il a ramassé une bonne quantité de ce fruit noir luisant dégageant une odeur magnifique et laissant couler un violet teintant...La première année, il mangea ce fruit, la deuxième année tout le monde en chercha dans les bois et en cueillit, la troisième année puis la cinquième ; à la septième année c'est sa femme qui en découvrit la vrai richesse de ce fruit quant elle soutira l'huile...un liquide née dans le soleil, s'est transformé en arbre dans les champs des dieux et descendit sur terre dans le ventre des oiseaux pour donner un fruit qui nourrit, qui guérit, qui éclaire et qui rajeunit...

 

Depuis Saf, de génération en génération cet arbre symbole de force et sagesse, de longévité et espérance, de victoire et gloire, de richesse et abondance fut cultivé pour  les vertus de toutes ses parties ; son fruit, sa feuille, sa fleur et son écorce. Nos guérisseurs nous ont légué un héritage si riche qu'il est de mon devoir de vous le rappeler insista Takmat.

 

Il continua dans un ton très sérieux qui fixa la respiration et l'attention de tous les présents : l'onguent soigne les courbatures, les ulcères et les maladies maudites (choléra), les feuilles Oô combien elles sont laxatives et font baisser les fièvres hivernales comme celles des piqures de serpents ; l'huile a tous les effets magiques sur le corps boisson ou aliment ou encore appliquée après un bain ; elle protège contre le froid et contre le soleil; le mélange de feuille et d'huile soignent toutes irritations ; je ne vous cacherai pas mes recettes à base d'écorce et de cendres pour guérir tous les maux internes. Il se tut un moment et reprit dans un ton religieux « L'olivier ...cette merveille des cieux, ne vous en privez jamais...elle soigne, guérit, embellit, rajeunit, adoucie, allume nos lampes et réchauffe nos cœurs...n'oubliez jamais ces enseignements et perpétuez les à travers les temps..

 

Il s'arrêta un moment et voulut reprendre un autre récit, Takmat lui fit signe de la tête, le vieux se sentit embarrassé puisqu'il s'intéressait au dialogue qui suit les récits, mais comme s'il s'attendait à cette visite, il tendit une main à Takmat et de l'autre s'accouda sur sa canne dorée, il se leva en murmurant son mécontentement et s'isola avec son visiteur si pressé de connaitre ce que lui cache l'avenir...à suivre...   

Publié dans Histoire

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D
merci mr tawfik pour ce blog  hayouni dhia
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T
<br /> Merci Dhia<br /> <br /> <br />