Thala, Grotte et naissance

Publié le par thala ce village de Tunisie

Petit pays, Grande histoire

Le récit, cahier 1.2 : Thala, Naissance

A les voir comment ils ont tués l’ours, Ils sont exceptionnels, différents des animaux qui peuplent mes terres, ils ont l’arme la plus redoutable de l’univers : l’Organisation.  Pour s’organiser, il faut savoir réfléchir et pour réfléchir il faut avoir une mémoire et pour avoir une mémoire il faut faire preuve d’intelligence et pour avoir une intelligence il faut savoir observer, savoir expérimenter,  savoir analyser et savoir anticiper et pour savoir il faut avoir la capacité d’apprentissage et de recherche… Il faut avoir un cerveau d’Humain…

 

Les six individus ont occupé la grotte des ours perchée au sommeil de la colline appelée de nos jours « Nadhour », une crête rocheuse au bout de la forêt qui domine tout le paysage du Nord, de l’Est, celui de l’Ouest et du Sud. De cet endroit, ils contrôlent tous les mouvements dans toutes les directions à perte de vue atteignant les 50 km sur un arc de 270 degrés. Là, ils  sont à l’abri des vents glaciaux d’hivers, ils surprennent facilement tout envahisseur, ils tendent les pièges à leurs gibiers et ont l’avantage du vent qui leur rapporte les odeurs et les sons.

 

Leur vie commence à couler paisiblement, le gibier ne manque pas, ils n’ont pas besoin de s’aventurer dans les lointaines contrées dangereuses, juste au dessous de leur grotte, coule une source limpide d’eau douce qui se déverse dans le fleuve d’en bas et qui  attire toutes sortes d’animaux.

 

C’est l’hiver, le gibier commence à se faire rare, le vent glacial du Nord-Ouest et le brouillard très dense annoncent une saison difficile ; les six individus, deux femmes et quatre hommes,  ont amassé du bois, de la paille, du silex, des tas de pierres, des cailloux et de la viande qu’ils ont découpé soigneusement avec leurs couteaux faits d’os et de silex et qu’ils ont laissé sécher tout l’automne autour de la grotte. Il leur est arrivé plusieurs fois d’en perdre une considérable partie volée par les loups, les hyènes, les renards et les gros félins mais à chaque fois ils se remettent à reconstituer cette précieuse réserve de survie et aujourd’hui ils doivent faire leur dernière provision avant que ne s’abattent les neiges qui durent des dizaines de lunes.

 

En bas, dans la vallée, jusque là vit paisiblement un troupeau de mammouths que nul danger ne perturbe jusqu’au jour où ce nouvel intrus débarqua et en constitua une sérieuse menace ; c’est un prédateur intelligeant et organisé qui procède par séparer le troupeau et en choisir la victime puis par l’achever pour garnir son garde manger. Cette chasse n’est guère sans danger, les deux groupes ont vite appris à s’observer, les mammouths ont doublé la vigilance et se sont serré autour de leur matrone et le petit groupe de chasseurs s’est investi  à traquer tous les gestes de la horde.

 

Ce premier jour d’hivers, trois hommes et une femme du groupe se sont meublés de courage pour ramener un dernier mammouth pour leur réserve hivernale. Ils ont suivi le troupeau, ils l’ont harcelé toute la matinée, et, l’ont obligé à s’engouffrer dans les  falaises de la colline dite « Chirdou ». Après de longues heures de heurts, de cris, de fureur et de duels, deux hommes et la femme ont isolé un bébé mammouth puis l’ont attaqué par derrière à coups de lances de silex et l’ont usé par des blessures profondes, quand le troisième homme sortit de son embuscade en face à l’animal pour l’achever et arrêter sa course, il n’a pas vu surgir sur lui la maman furieuse qui transperça son corps par un coup mortel de sa longue défense. Il agonisa sur les lieux et mourut et le bébé mammouth aussi git à coté. Ses compagnons, terrifiés, ont tout abandonné et même le corps de leur congénère et ont remboursé chemin vers la grotte du « Nadhour » avant que les dangers de la nuit tombante ne les engloutissent.


A peine arrivés, ils ne coururent pas au feu dans un vacarme festif comme d’habitude, mais doucement prirent place en face des deux autres sans se dire un  mot. Les regards se croisent, rien que des regards, les visages chargés de poussière, de douleurs et de tristesse, les yeux terrifiés ont tout dit…ont tout raconté… les deux autres ont tout compris et un silence glacial s’installa quelques heures puis fut rompu par les cris terrifiés de la femme qui est restée au foyer. Elle cria de toutes ses forces et longtemps jusqu'à ce que l’étoile brillante du matin pondant à l’Est disparait, c’était une façon de pleurer le disparu mais c’était aussi parce qu’elle donna ce soir même la vie à deux jumeaux, une fille : Thala et un garçon : Guira.  

Publié dans Histoire

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